La 34ème édition du festival de cinéma espagnol de Nantes s’est ouverte ce vendredi 21 mars au Théâtre Graslin. Après les discours habituels, axés cette année sur les coupes budgataires de la région Pays de la Loire dans le domaine de la culture et la montée des extrêmes, la suite de la soirée s’est révélée un peu plus réjouissante.
Elle s’est en effet poursuivie avec la projection du film El 47 – se prenonce El cuaranta y siete – dernier long-métrage du réalisateur Marcel Barrena qui a été récompensé du Goya 2025 du Meilleur Film. Et avant de te parler du film en lui-même, sache que si tu veux recevoir des recommandations culturelles gratuitement chaque semaine dans ta boite mail, tu peux t’abonner gratuitement à ma Newsletter !

Un quartier ostracisé
Sache tout d’abord que le résumé du film que j’ai lu dans le programme du festival n’est pour moi pas représentatif et spoile même la toute fin du film, je ne te conseille donc pas forcément de le lire. Pour moi, El 47 c’est l’histoire d’un quartier, de ses habitants, de l’accueil qu’ils ont reçu en arrivant à Barcelone et des difficultés qu’ils y rencontrent chaque jour.
C’est l’histoire d’une jeunesse qui rêve de se rapprocher du centre ville et de personnes âgées qui ont des difficultés à remonter dans leur quartier pour cause d’absence de transports en commun. C’est celle de travailleurs qui s’épuisent à faire des trajets à pieds et celle d’un quartier dont l’accès à l’eau est restreint.

Partant de ce constat, les habitants vont s’unir et s’entraider, et surtout tenter d’obtenir la reconnaissance qu’ils méritent. Ils veulent des droits, un accès aux infrastructures publiques et du respect, rien de bien compliqué en théorie. Le problème, c’est que ce quartier se situe derrière la montagne, avec ce que cela implique de chemins escarpés, de routes risquées et d’habitants délaissés.
La suite de l’article entre davantage dans les détails du film. Si tu veux aller le voir en en sachant le moins possible, je t’invite à passer directement aux infos pratiques présentes à la fin de cet article.
Une fiction adpatée d’une histoire vraie
Le film El 47 est un film de fiction, mais il est basé sur une histoire vraie. Il retrace le destin d’un quartier de Barcelone – Torre Baro – dont le destin a changé à jamais grâce à la mobilisation de ses habitants. D’abord avec des mots, des interventions, des échanges, ils vont faire en sorte qu’une ligne de bus arrive jusqu’à chez eux.
Lorsque cela ne suffit plus, c’est avec des gestes que les habitants vont tenter de faire changer les choses. Le symbole de ces actes, ce sont Manolo Vital et son bus. Pendant des années, Torre Baro a été mis au ban de la société et de la ville de Barcelone car excentré et habité par des migrants. Si un bus pouvait y monter, cela relierait Torre Baro au reste de la ville de Barcelone.

Un film engagé aux sujets universels
Le film s’ouvre sur l’arrivée d’un groupe de personnes dans la banlieue de Barcelone, puisqu’ils ont été expulsés de chez eux. La première difficulté à laquelle ils doivent faire face, c’est celle de construire des habitations pour toutes et tous. Mais leur motivation va être rapidement sabordée par la police, qui a ordre de détruire toute habitaiton n’ayant pas de toit au lever du soleil.
Je ne connaissais personnellement pas du tout cette ancienne loi espagnole, qui a réellement été prodiguée et appliquée. Ce passage aborde la question des bidonvilles, de la nécessité et de la dignité d’avoir un toit – littéralement – au dessus de sa tête, mais également du racisme et de la discrimination auxquels les nouveaux arrivants doivent faire face.

Le film aborde également d’autres sujets qui m’ont personnellement marquée et touchée. A plusieurs reprises, la masculinité de Manolo Vital est remise en question par d’autres personnages, que ce soit vis à vis de sa femme qu’il « n’arrive pas à tenir » ou de sa fille qu’il ne surveillerait pas. J’ai apprécié cette image d’un homme d’une cinquantaine d’années, qui exprime ces émotions, pleure à l’écran et devant sa femme et sa fille, sans gène.
De manière plus générale et plus éparse dans le film, les sujets de l’accueil des migrants, du racisme, du sexisme, de la discrimination en fonction de l’origine ethnique ou sociale, de trouver sa place dans la société, son quartier, sa ville et de l’absence d’action des élus sont abordés. El 47 porte un message universel qui est dotant plus fort que le film est basé sur une histoire vraie.
Un film qui fait date
En plus de revenir sur un événement marquant de l’histoire de la ville de Barcelone, le film El 47 est le premier film a avoir été tourné en partie en catalan de l’histoire du cinéma espagnol. Le film a également eu un succès public comme critique puisqu’il est resté 26 semaines à l’affiche (6 mois environ) et qu’il a été récompensé d’un Goya.

Le bus comme symbole d’appartenance
Une vingtaine d’années après l’arrivée du groupe à Barcelone, Manolo Vital, leader du quartier, est chauffeur de bus. Comme on s’en doute, les personnages ont vieilli – ou grandi pour les enfants – et ils sont maintenant installés à Torre Baro, où ils vivent en communauté en s’entraidant. Le bus de Manolo va être un élément central dans la suite du récit.
Ce bus, c’est bien plus d’un simple moyen de transport. Le fait que les habitants souhaitent une ligne de bus qui relie leur quartier au centre-ville, c’est l’envie de faire partie intégrante de la ville de Barcelone. Comme le dit très bien le personnage de Manolo Vital, les bus circulent dans toute la ville, pourquoi est-ce qu’ils ne monteraient pas à Torre Baro ?

Une œuvre cinématographique de qualité
En dehors de tous ces aspects historiques, qu’est-ce que j’ai pensé concrètement du film ? Je pense qu’avec la tartine que j’ai écrit dessus, tu peux t’en douter mais j’ai beaucoup aimé ce long-métrage. J’ai trouvé le film à la fois très drôle mais aussi touchant et poignant par moments. Les acteurs jouent également tous très bien mais j’aimerais souligner la performance de deux acteur.rice.s en particulier.
Tout d’abord, celle de la jeune comédienne Zoé Bonafonte, qui est une révélation de la nouvelle génération. Je comprends assez bien pourquoi après le visionnage du film, étant donné qu’elle joue très bien donc, mais chante aussi magnifiquement. La seconde, c’est celle de l’acteur confirmé Eduard Fernandez, que j’ai découvert avec cette performance, mais qui joue également le rôle titre du film Marco, l’énigme d’une vie de Aitor Arrego et Jon Garano également programmé à l’occasion du festival international de cinéma espagnol de Nantes.

Infos pratiques
Si tu veux découvrir le film El 47, sache qu’il est projeté à nouveau dans le cadre du festival le dimanche 30 mars à 11h au cinéma Katorza à Nantes. Et si tu veux découvrir le reste de la programmation, je t’invite à lire cet article dans lequel je te la présente.
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Qui suis-je ?

Moi c’est Julia, chroniqueuse culturelle depuis 8 ans et animée par des valeurs de transmission et d’accès à la culture pour tous.
C’est dans cet objectif que j’ai créé, en 2016, Les Chroniques d’une Nantaise, mon média de recommandations culturelles.
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