J’ai participé il y a quelques jours à une rencontre autour de bande-dessinée Anatomie d’un commissariat, en présence de l’auteur Mikael Corre et de l’illustrateur Bouqé. J’y ai appris pleins de détails de fabrication passionnants, que je souhaite aujourd’hui te partager.
T’as envie d’en apprendre plus sur les coulisses de la création de cette bande-dessinée ? Alors t’es au bon endroit ! Et si tu veux recevoir des recommandations culturelles gratuitement chaque semaine dans ta boite mail, abonne-toi à ma Newsletter !

De quoi ça parle, Anatomie d’un commissariat ?
Tout d’abord, si c’est mon avis sur la bande-dessinée qui t’intéresse, sache que j’ai écrit et posté ma chronique sur les réseaux sociaux et que tu peux la retrouver ici. Et si tu ne sais pas de quoi je parle, voici en quelques mots les sujets abordés dans la BD :

Qui sont les auteurs ?
L’auteur de la bande-dessinée Anatomie d’un commissariat, c’est Mikael Corre. Il est journaliste de métier et a beaucoup travaillé sur les prisons et le quotidien des policiers. L’un de ses articles, dédié au sujet des violences et bavures policières, a même été présélectionné pour le prestigieux prix Albert Londres.
L’illustrateur, c’est Bouqé. Il est directeur artistique chez Bayard Jeunesse et Anatomie d’un commissariat est le troisième graphique publié qu’il illustre. Ses deux premières bande-dessinées sont Symphonie carcérale et Goodbye Ceausescu, scénarisées par Romain Dutter et publiées chez Steinkis.

Un an d’enquête au commissariat de Roubaix
Tout est parti d’une enquête de Mikael Corre au sein du commissariat de Roubaix. Il voulait mener un travail d’observation approfondi, pour témoigner de ce qui se passe réellement au sein d’un commissariat. Ce qui l’intéressait, c’était de découvrir le quotidien des policiers, leurs difficultés, et de témoigner de ses observations en tant que personne extérieure.
« Le temps long permet des choses très humaines en fait. »
Mikael Corre
Comment choisir ce qu’on garde d’un an d’observation ?
Après l’observation vient le temps de la retranscription. Qu’est-ce qu’on garde ? Qu’est-ce qu’on partage ? De quoi est-ce qu’on veut témoigner ? Quel message on veut faire passer ? Les réponses de Mikael Corre à ces questions sont un peu déroutantes à première vue.
Ce qui semble banal pour les policiers ne l’est pas forcément pour nous, personnes extérieures, et inversement. L’objectif était de montrer le quotidien de ces hommes et de ces femmes, pas forcément parler de l’événement – certes marquant et important – dont on entend parler aux informations. Pour préciser la sélection, Mikael Corre s’est ensuite concentré sur les scènes qui étaient aussi importantes pour les policiers.
L’idée n’était pas non plus de faire une galerie de portraits mais bien de raconter le quotidien d’un commissariat, dont le personnage de Mikael Corre était le fil rouge. Certaines scènes très belles ont ainsi été suprimées car elles n’apportaient pas de connaissances supplémentaires sur la police.

Pourquoi le commissariat de Roubaix ?
Mikael Corre souhaitait un commissariat situé dans une ville assez pauvre pour mener son observation. Ensuite, il a fallu du temps. Du temps pour convaincre la hiérarchie, puis pour qu’un commissariat accepte enfin de l’accueillir.
Il est venu à Roubaix pendant le confinement pour observer la difficulté qu’avaient les habitants à présenter une attestation à chaque sortie. Imprimer une feuille par jour quand on a peu de moyens, c’est loin d’être une priorité.
Une fois sur place pour cet article, il a discuté de son projet d’observation d’un commissariat sur le temps long. Sa demande a été acceptée. Mais ce n’est pas pour autant que tous les policiers ont accepté sa présence, du moins au début.

Comment s’est passée la rencontre ?
Au moment de la rencontre, l’immersion de Mikael Corre était terminée mais l’article relatant toute cette expérience n’était pas encore rédigé. C’est la maison d’édition, Bayard Graphic’, alors en plein lancement, qui les a mis en relation. Mikael travaillant pour La Croix et Bouqé pour Bayard Jeunesse, ils fréquentaient chaque jour le même immeuble sans se connaître.
La rencontre s’est ensuite très bien passée. Bouqé avait quelques appréhensions quant à la thématique, mais elles se sont vite envolées. Mikael Corre a donné deux articles à lire à Bouqé, l’un parlant de violences policières du côté des victimes, l’autre du côté de la police. En lisant ces deux papiers, Bouqé a tout de suite accepté.
« C’est du travail journalistique de grande qualité ».
Bouqé au sujet des articles écrits par Mikael Corre
Le commissariat, un personnage à part entière
Dans Anatomie d’un commissariat, le commissariat est un personnage en tant que tel. L’objectif était, à l’image de l’illustration de couverture, de découvrir ce qui se déroulait à chaque niveau, chaque étage, dans chaque bureau et chaque espace de ce commissariat. A l’image de Mikael Corre sur la couverture, le lecteur a ainsi une vue d’ensemble de ce qui s’y passe. Si tu ne l’as plus en tête, la voici :

L’importance de représenter différents corps
Mikael Corre a assez rapidement demandé à Bouqé de représenter les corps des policiers de manière réaliste et ne pas en faire des personnages bodybuildés ou au physique de mannequins, vision que partageait déjà l’illustrateur. Etant donné que les tenues des personnages étaient similaires – uniforme de policier – c’est dans la pluralité des représentations des physiques que Bouqé a pu s’exprimer et s’amuser.

Comment passer d’un article à une BD ?
L’enquête menée par Mikael Corre était d’abord destinée à devenir un article de presse, ce qu’elle a d’ailleurs été en premier lieu. Certaines scènes, pourtant importantes, n’ont pas pu y figurer car trop difficiles à décrire uniquement avec des mots. Lors de l’adaptation en bande-dessinée, celles-ci ont pu être retransmises fidèlement et prendre vie grâce aux illustrations de Bouqé.
Inversement, certaines scènes sont présentes dans l’article mais absentes de la bande-dessinée car elles sont compliquées à illustrer ou le fait de les représenter graphiquement n’apporte pas de réelle plus value. L’article et la bande-dessinée sont donc complémentaires si tu souhaites avoir une vue d’ensemble du travail d’observation de Mikael Corre, bien que la bande-dessinée se suffise à elle-même.
Pour aller plus loin
Tout d’abord un grand merci à l’équipe de Bayard Graphic’ pour l’organisation et l’invitation à cette rencontre. Un grand merci également à Mikael Corre et Bouqé pour leur temps et leurs passionnants témoignages.
Pour aller plus loin, je te recommande – si ce n’est pas déjà fait – de découvrir la bande-dessinée Anatomie d’un commissariat – oui celle dont je parle depuis le début de cet article – écrite par Mikael Corre, illustrée par Bouqé et éditée chez Bayard Garphic’. Tu peux aussi découvrir les autres travaux publiés des auteurs et de la maison d’édition.
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