Préambule : Attention, dans cet article je risque de me livrer. Genre beaucoup. En lien avec les thèmes abordés dans le roman, on va parler de santé mentale, de parents pas forcément toujours super bienveillants, de la vie de jeune adulte et de moments de la vie qui ne sont pas toujours très joyeux. De plus, je ne vais pas spoiler en soit ce qui se déroule dans le roman, mais si tu veux le lire sans rien en savoir – déjà que fais-tu à lire cet article ? – je te conseille de le découvrir en premier lieu. Enfin, je ne te parlerai pas ici de mon avis sur le roman, que je t’ai déjà partagé dans ce post Instagram :
Voilà. Le pitch du roman et mon avis sont à lire juste ici. Et comme je te le disais dans ce post d’il y a quelques jours, j’ai des choses à dire sur ce roman. Genre pas mal. Suffisamment pour écrire un article en tous les cas.
Tout d’abord, petit contexte si tu ne me connais pas et que tu débarques ici par hasard – ou si tu as loupé quelques épisodes. Moi c’est Julia, j’ai 26 ans – bientôt 27 – et je suis atteinte d’angoisses chroniques depuis mes 17 ans. Oui oui, ça va faire 10 ans. Et si tu regardes les âges dont je te parle, on est clairement dans la tranche d’âges jeune adulte et études supérieures. Parce que spoiler, malgré l’âge que j’ai, à l’heure où j’écris ces mots, je n’ai pas fini mes études. Et je ne les finirais probablement jamais.
Tout avait pourtant bien commencé pour moi – enfin, aux yeux de la société : élève studieuse depuis toujours, je travaillais souvent plus que ce qu’on me demandait, je rendais mes devoirs à l’heure voir même en avance et lorsque je loupais un cours, je le rattrapais. Mes notes ont toujours été satisfaisantes, voir excellentes, mes appréciations élogieuses et ma scolarité s’est déroulée sans avoir à fournir énormément d’efforts. Si tu as lu Silence Radio d’Alice Oseman, j’étais comme Frances – ou pour parler au plus grand nombre, Hermione Granger dans Harry Potter.
A l’image de Frances, faire des études supérieures élitistes – à nouveau aux yeux de la société – était pour moi important. Tout d’abord pour m’opposer à mes parents qui n’ont jamais été jusque là scolairement parlant, également pour m’assurer un avenir et m’ouvrir un maximum de portes – à nouveau aux yeux de la société. J’étais forte en maths, j’ai fini en classe préparatoire aux grandes écoles MPSI (Maths Physiques Sciences de l’Ingénieur – équivalent des maths sup pour les plus anciens). Classique.
Sauf que. Depuis la Terminale, je n’ai jamais fini une année scolaire. Pas une seule. Je suis débrouillarde, j’ai donc malgré tout réussi à valider des années d’études supérieures et j’ai à l’heure actuelle un BAC +4. Ces années de dur labeur m’ont certes ouvert des portes, mais ne me serviront sûrement jamais dans ma vie d’adulte. T’inquiète, je vais m’expliquer.

Après une première année d’études supérieures en prépa – que je n’ai donc pas finie, si tu suis bien – je suis partie à la fac. Après moult péripéties que je t’épargne, j’ai validé une licence de maths et j’ai fini en master MEEF (Métiers de l’Education, de l’Enseignement et de la Formation) pour devenir … attention surprise : prof de maths ! A aucun moment cette orientation n’a été une réelle vocation, mais il fallait bien faire des études – spoiler NON.
Peut-être que tu trouves qu’on s’éloigne de Silence Radio, mais pas de panique, j’y reviens. Aled, l’un des deux personnages principaux du roman, finit par aller à la fac alors qu’il n’en a pas spécialement envie. Mais IL FAUT faire des études. Tu commences à voir le lien ? Pour faire simple et éviter de trop spoiler, il y a un moment dans Silence Radio où Aled ne va vraiment pas bien. Ce qui nous amène donc à parler de … santé mentale ! Let’s go.
Je te le disais plus haut, je suis atteinte d’anxiété chronique depuis 10 ans, et je suis même à l’heure actuelle arrêtée pour dépression, tout en étant sous anti-dépresseurs. OUI les langues se délient autour de la santé mentale MAIS il reste encore un long chemin à parcourir lorsqu’on voit la manière dont les profs de fac ne sont pas formés sur ces sujets, voir même font carrément empirer la situation – oui oui c’est du vécu !

Je lis depuis mon plus jeune âge, je dévore les romans et les graphiques, j’ai visionné bon nombre de films et de séries pour ados et jeunes adultes et la partie études supérieures et vie de jeune adulte est présentée comme étant incroyable. On y fait de nombreuses découvertes, on s’émancipe et on peut enfin prendre ses propres décisions, le tout en passant notre temps à faire des soirées entre deux cours qui ne sont jamais révisés – ou presque. Voilà l’image idyllique que j’avais de l’université – et que tu as peut-être aussi – mais qui est pourtant loin d’être la réalité.
Dire que je suis heureuse de lire un roman Young Adult traitant de ce sujet serait un euphémisme tant je trouve qu’il est important. Je me suis reconnue dans la pression qu’avait Frances sur les épaules, son obligation à réussir puisque pour elle c’est soit disant facile, les réflexions de son entourage l’incitant à faire des pauses et moins travailler, tout en espérant que ses résultats restent les mêmes.
Je me suis également reconnue dans Aled, que ce soit l’état psychologique dans lequel il se retrouve plusieurs mois après avoir démarré l’université, le fait qu’il veuille (et doive) s’émanciper de la maison familiale car le cadre parental référent n’est pas fiable ni propice à son bon développement, ainsi que dans sa nécessité à créer, parler, partager tout en restant invisible, à l’image des Chroniques d’une Nantaise.
J’aimerais tirer de mon expérience – et de celles de Frances et Aled dans Silence Radio d’Alice Oseman – plusieurs enseignements :
- Négliger ta santé mentale et physique pour tes études est contre-productif et ne fait qu’aggraver la situation.
- Si un membre du corps médical ne prend pas ta souffrance – physique ou mentale – au sérieux, va en voir un autre.
- Ton bonheur actuel est important. Ne sacrifie pas tout – tes loisirs, le temps avec tes proches – pour tes études.
- Demande de l’aide et accepte celle qu’on te propose. C’est une preuve de maturité et une force que d’accepter que tu as des failles. Et spoiler : tout le monde en a.
- Les profs et les formateurs n’ont pas la science infuse et n’ont pas à te rabaisser, quelle qu’en soit la raison. Tu as donc le droit de ne pas être d’accord avec eux.
Si c’était à refaire, je revivrais une bonne partie des expériences qui m’ont appris qui je suis et m’ont fait grandir, mais je serai plus attentive à ne pas négliger ma souffrance. Tout sacrifier maintenant pour avoir un bon avenir, à nouveau c’est NON. J’aurais aussi appris à plus m’écouter, à suivre mon instinct et à ne pas continuer des études quoi qu’il en coûte, et ce malgré le regard des autres. J’aurais enfin suivi mes propres envies concernant mes études, sans me laisser influencer par mon entourage, qui pensait pourtant m’aider. Je vous remets la citation une dernière fois, puisque je trouve qu’elle conclue magnifiquement cet article.

Cet article est le plus intime que je n’ai jamais écrit, le plus personnel aussi, mais j’espère surtout qu’il te parlera, peut-être t’aidera et que tu t’y reconnaîtras au moins un petit peu. Si tu veux échanger sur le sujet, en toute bienveillance bien sûr, les commentaires sont ouverts, ici et sur mon compte Instagram. Et si tu as d’autres recommandations culturelles sur ce thème, n’hésite pas à me – et à nous – les partager !
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